Ce couplage inédit de deux composititeurs éminents du vingtiéme siècle appartenant à deux univers distincts, Orient/Occident, trouve une justification littérale dans la dernière pièce du programme: une esquisse de “Rain Tree pièce de Toru Takemitsu dédiée à Olivier Messiaen lui-même qui informe de l’influence qu’eut l’œuvre du musicien français sur son cadet japonais.
Or, en regard de l’écriture de Messiaen qui relève parfois de la technique de laboratoire, la musique de Takemitsu reste attachée a une certaine orthodoxie en mauere a narmonie et de ryunme. Entre échos debussystes et fluores-cences bouleziennes, “Les yeux clos” (D’après une peinture d’Odilon Redon), “Rain Tree Sketche” | et II (1979-1982).
Pièce méditative et d’une progression presque insoutenable, “Litany’ fut composée en 1989 après la mort de Michael Vyner ami du compositeur et directeur du London Sinfonietta. ‘Far Away’ émane d’un voyage de Takemitsu à Bali. Le son du clavier emprunte ici au son du gamelan traditionnel. Si des rapports stylistiques s’établissent naturellement entre les deux compositeurs, la musique du japonais (Projection d’une myriade de gouttelettes dans l’espace) renvoie plutôt à l’élément liquide et au dualisme “Vide/Plein”, alors que celle du français est minérale et occupe à plein l’espace et le temps comme de la matière noire. Les deux séquences de “lle de feu évoquent des pierres qui s’entrechoquent (“Etudes de rythme”, 1949-50). Les quatre extraits des “Vingt Regards évoquent l’image de la Vierge et de l’Enfant en des termes opposés : écriture sèche, répétitive et saccadée (“Noël”, ‘La Parole toute puissante”), élégie tranquille et tendresse maternelle (“Le Baiser’, *Première communion de la Vierge*). La pianiste finlandaise Sanna Vaarni domine ce parcours substantiel avec une remarquable autorité.

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